T-34/85Autriche, printemps 1945

NomT-34/85
ConstructeurUsine 112 de Nijni Novgorod1
Date de production1944
Unité d’attache5e corps blindé de la Garde
Théâtre d’opérationAutriche, printemps 1945
KitAcademy 13290 (2015)
Pièces supplémentairesDEF Model DE35010, DEF Model DM35044 et EU-ER-3530
Date de réalisationNovembre 2021 à juin 2022

Inexactitudes du kit

Comme c’est malheureusement devenu la coutume, j’ai tôt fait de relever des erreurs quant à certains marquages suggérés par mon kit. J’étais d’abord tenté de reproduire le char vu en Yougoslavie en 1945, avec cet ours, emblème de la 36e Brigade blindée. Mais, sa représentation dans le guide de camouflages T-34 Colors différait des instructions de mon kit.

Ce qui me frappa au premier regard: les roues. Puis en observant bien, les tourelles. Grâce à la magie des réseaux sociaux, des connaisseurs m’ont fait comprendre que mes deux sources étaient erronées! En réalité, les roues de ce char étaient bien pleines, comme illustrées dans les instructions, et sa tourelle, du premier type, comme dans le guide.

Après d’encore longues recherches, j’ai finalement trouvé, sur le site Legion AFV, des photographies de chars avec une tourelle similaire à celle du kit d’Academy.

Le no. 422 installé devant l’usine de Krasnoïe Sormovo à Nijni Novgorod montre notamment les sorties de ventilations elles aussi grossièrement texturées. Mais est-ce seulement dû à l’accumulation de couche de rouille et et de peinture?

Celui exposé dans le village de Podberezye, dans la région de Novgorod, aurait été construit par l’usine 112 dans la seconde moitié de 1944:

Этот танк установлен на трассе Петербург-Москва в поселке Подберезье Новгородской области. Судя по всему этот танк выпущен во второй половине 1944 года на заводе №112. Об этом говорят такие детали как: соединение кормовых листов с нахлестом верхнего на нижний, широкие петли верхнего кормового листа, буксирная серьга на нижнем кормовом листе, башня характерной формы с грубой фактурой литья. В пользу времени выпуска говорит двустворчатый люк командирской башенки и отсутствие литьевых номеров на скулах башни.

Traduction libre: la façon dont sont jointes les plaques d’acier du haut et du bas de la caisse indique la date de production, notamment à cause de petits oeillets sur la plaque courbée qui les joints à l’avant.2

Variantes de T-34/85

Dès 1998, Brett Green avait synthétisé les différences entre les modèles de T-34/85. L’ouvrage récent de Francis Pulham, raffine cette analyse des différentes variantes et le contredit sur certains points:

1943.12

Modèle 1943

Ordre de lancer la production de T-34 avec un canon Zis-53 de 85mm’. Ce canon causera d’abord problème.3

1944.01 Le premier T-34-85 sort de l’usine 112. En attendant la modification du Zis-53, les 800 premiers chars furent équipés de D-5T.45
1944.03

Modèle 1944

Le Zis-S-53 est finalement intégré à la production6. L’antenne radio passe du côté du char au dessus de la tourelle7. La coupole du commandant et les ouvertures pour la ventilation sont reculées, les périscopes PTK-5 sont remplacés par des MK-4. Les premiers chars de l’usine 112 ont encore des oeillets de soulèvement en forme de U, mais seront vite remplacés par les mêmes crochets simples que ceux des usines 174 et 183.8

Graduellement, la pièce joignant les blindages du dessus et du bas de la caisse perd sa forme arrondie et devient plus pointue9

Les chars de début de production avaient des roues caoutchoutées, mais à cause d’une pénurie de matériel, le modèle 1944 devint équipé de roues à rayons en métal.10
Fin 1944

Modèle 1945

L’usine 112 produit une tourelle « large » sans protubérances sur les côtés, ni pour la mitrailleuse ni pour un bloc électrique.11

1945
In early 1945, new ‘hard-edge-85’ turrets were manufactured. These turrets had a welded front portion of the turret, which was identical to the earlier turret, but the rear of the turret was more akin to the hard-edge cheeks of the hard-edge hexagonal turrets. The turret armour extended slightly further below the turret bustle with the weld under the plate out of view. The seam of the turret now ran under the bustle and was therefore safer than the earlier turrets. These turrets are found being used in the closing stages of the Second World War and are harder to find on the battlefield than their earlier counterparts.

Additionally, one must briefly mention the post-war names given to turrets. In many circles, this turret type is known as the composite-type turret. This is an accurate way to name the turret as the front and rear halves of the turret are manufactured separately and brought together in the construction of the turret. The authors however settled on this new name as composite turrets can also refer to the early hexagonal turrets manufactured at UTZ 183 in 1942, and additionally, the eight-part turrets are sometimes called composite turrets. »12
1945.0113

Modèle 1946

The earlier cupola with split hatches was replaced by a slighty larger one with one piece hatch. On some of the T-34-85 with the ‘composite’ and ‘angle-jointed’ turrets, the joined mushroom vents at turret rear were replaces by a pair of separate dome vents, one at the rear and one further forward. »14

Ainsi le char que je reproduis ne pouvait avoir été au combat avant février 1945.

Contexte historique

À partir des conclusions précédentes, j’ai vérifié dans Order of Battle: The Red Army in WWII de David Porter (2009), quelles unités blindées russes existaient encore à cette période. Puis j’ai cherché sur les photos que je pouvais trouver de ces événements, des chars de la bonne variante.

3e front d’Ukraine

J’arrêtai mon choix sur le 5e corps blindé de la Garde qui, au sein de la 6e armée blindée de la Garde attachée au 3e front d’Ukraine, manoeuvra en Autriche au printemps 1945.

À la suite de l’ordre de la Stavka du 16 octobre 1943, le front du Sud-Ouest est renommé 3e front d’Ukraine le 20 octobre 1943.

Sous le commandement du général Malinovski, il participe à la reconquête de l’Ukraine : bataille du Dniepr à l’automne 1943, puis opération Dniepr-Carpates durant l’hiver 1943-1944. Il combat ensuite en Roumanie (août 1944), en Bulgarie (septembre 1944), en Yougoslavie (du 28 septembre au 20 octobre 1944), en Hongrie (notamment lors du siège de Budapest et la bataille du lac Balaton) et, pour finir, prend Vienne en Autriche.

Extrait de: Troisième front ukrainien, Wikipedia [fr]

Offensive de Vienne

L’offensive de Vienne est une opération militaire lancée par le troisième front ukrainien afin de capturer la ville de Vienne, en Autriche. L’offensive a duré du 2 au 13 avril 1945, lors de la Seconde Guerre mondiale. La ville de Vienne a été prise à revers puis assiégée.

[…]

Le 2 avril 1945, l’Armée rouge, divisée en quatre-vingt-cinq divisions et trois brigades (formant un total de 745 600 hommes), lance l’offensive sur la ville alors déclarée « ville ouverte ». La défense de la capitale autrichienne est assurée par le général Rudolf von Bünau avec des unités du 2e SS-Panzerkorps sous les ordres du général Wilhelm Bittrich.

Vienne est le théâtre d’intenses combats urbains et voit la participation active de la résistance autrichienne dans des actes de sabotages contre les défenses et la logistique allemandes.

Le 13 avril 1945, les garnisons allemandes, à court de munitions et dépassées numériquement, se rendent à l’Armée rouge.

L’ensemble du territoire autrichien est occupé dans les jours suivants, Karl Renner proclame un gouvernement provisoire autrichien avec l’autorisation des Soviétiques et déclare alors la sécession de l’Autriche du Troisième Reich.

Après leurs victoires en Autriche, ces derniers peuvent dès lors se concentrer sur leur objectif final : la prise de Berlin et la chute du régime nazi, dont le point culminant est la capitulation du 8 mai 1945, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Extraits de: Offensive de Vienne, Wikipedia [fr]

Sur les photos glanées sur le Net, un char attira mon attention. Non seulement il possédait toutes les caractéristiques voulues, mais son marquage particulier me plaisait, ressemblant aux numéros de vaisseaux spatiaux des bandes-dessinées de science-fiction de mon enfance.

Une page sur le 75e anniversaire de la libération de Šlapanice pointe vers cette photo de référence, sans qu’il soit clair à mes yeux si ce char a vraiment participé à ces combats-là.

Construction

Dans l’ensemble, la construction fut aisée. Les pièces sont bien moulées, sans trop de bavures. Par contre, les points d’injection étaient évidents sur les chenilles, qui nécessitèrent beaucoup de sablage. Le tout s’assemblait bien, mais certaines soudures nécessitèrent un peu de remplissage puis du polissage, comme ces réservoirs:

Le sel problème majeur se présenta au moment de réunir les parties supérieures et inférieures de la coque: au devant du char, l’espacement était énorme. L’union fut forcée avec de la super colle cyanoacrylate, et des serres-joints.

Kits de pièces complémentaires

Pour compléter mon kit, j’eu recours à deux kits de pièces complémentaires par DEF Model, plus un ensemble pour câbles de remorquage par Eureka.

DEF Model DE35010

« T-34/85 PE Detail Up Set »

Essentiellement un kit de photodécoupes. Avant tout et une fois de plus, afin de remplacer les courroies maintenant en place les maillons de chenille de rechange. Ce kit contient également un morceau de résine, pour y découper des boulons.

DEF Model DM35044

« T-34/85 Main Gun with Mantlet set »

Mon kit d’Academy fournissait un canon en plastique, mais d’une seule pièce. Je n’avais donc pas vraiment besoin d’un canon de métal comme celui de ce kit complémentaire. Mais, ses pièces en résines permettaient de corriger d’autres éléments de la tourelle.

EU-ER-3530

« Towing cable for T-34/85 Mod.1944 Zavod 112 Tank »

Academy fournissait deux cordes blanches en guise de câbles de remorquage. Leur allure semblait correcte, mais en même temps que pour mon T-34/76B, j’ai commandé des câbles de cuivre de la compagnie Eureka.

Chenilles et roues

L’assemblage des roues et des chenilles se fit sans heurts, avec comme principal désagrément de devoir faire disparaître les points d’injection en sablant.

Deux grands morceaux font l’essentiel des chaque chenille, leurs extrémités seulement étant composées de maillons individuels. Cette façon de faire d’Academy m’inspira d’ailleurs à l’imiter pour le projet précédent, le T-34/76.

Peinture

Couleur de base

Pour mon T-34/76 de 1941, j’avais d’abord appliqué l’apprêt Hobby Paint 28007 « Russian Uniform » de Vallejo, puis peint au pinceau le « Protective 4BO » émail d’AK Interactive.

Mais, pour ce T-34/85, la couleur de base fut fait à l’aérosol « Russian Green » d’AK Interactive. Ce vert plus pur, j’avais dès le départ l’intention de l’altérer avec des filtres et des pinwashs à l’huile brune.

Marquage

MiniArt commercialise un kit permettant de reproduire le char de mon projet:

À partir de ces représentations de MiniArt, je me suis créé un pochoir qui me permit de peindre en blanc ces numéros d’identification. De toutes façons introuvables, des décalques auraient été d’un moins bon effet sur la texture de la tourelle. J’ai dû y aller par étapes, et même recommencer une partie, mais je suis très satisfait du résultat final.

Huiles

Les côtés de la tourelle reçurent en premier un glacis brun, puis son effet satisfaisant, la technique fut répétée en « pinwash » sur les roues et tous les éléments en relief de la coque.

Des « filtres » nuancèrent les grandes surface avec la technique des points de couleurs à l’huile15.

Weathering

De la couleur métallique fut ajoutée à l’éponge sur les poignées, les lanières retenant les réservoirs et sur les maillons de rechange sur l’avant du char.

Ce char ayant combattu sur les riches terres ukrainiennes, l’empoussiérage fut fait de pigments très foncés « Russian Earth » par AMMO.

Bibliographie

  • BEAN, Tim et Will Fowler (2002) Russian Tanks of World War II: Stalin’s Armoured Might. Ian Allan, 178 p.
  • DONCHIK, Igor (2021) T-34 Colors. AMMO of Mig Jimènez, 87 p.
  • GREEN, Michael (2017) Images of War – Allied Tanks of the Second World War. Pen & Sword Books Limited, 209 p.
  • LEDWOCH, Janusz (2004) Tank Power vol. IV Stalin’s Tanks. 82 p.
  • MICHULEC, Robert et Miroslaw Zientarzewski (2006) T-34 Mythical Weapon. Armagedon & Airconnection, 520 p.
  • PULHAM, Francis et Will Kerrs (2021) T-34 Shock: The Soviet Legend in Pictures. Fonthill Media. Édition du Kindle. 
  • PORTER, David (2009) Order of Battle: The Red Army in WWII. Amber Books, 192 p.
  • ZALOGA, Steven J. et collab. (2006) Soviet Tanks in Combat 1941-1945. Concord Publications Company, 74 p.
  • ZALOGA, Steven J. et James Grandsen (1983) The Eastern Front: Armour Camouflage and Markings, 1941 to 1945. Arms & Armour, 95 p.
  • ZALOGA, Steven J. et James Grandsen (1983) T-34 in Action. Squadron/Signal, 49 p.
  • ZHIELTOV, I (1985) Nieizviestnyi T-34. 184 p.

Vidéographie

Webographie

Wikipedia

Notes

  1. Ville nommée « Gorki » de 1932 à 1991
  2. Ces deux pièces du blindage seront ensuite directement soudées l’une à l’autre.
  3. Zaloga et Grandsen, T-34 in Action, p. 32
  4. .Loc. cit.
  5. Soviet Tanks in Combat, p. 46
  6. Loc. cit.
  7. T-34 in Action, p. 35
  8. Ibid., p. 36
  9. Loc. cit.
  10. Tanks Encyclopedia
  11. T-34 Mythical Weapon, p. ?
  12. The Soviet Legend in Pictures. Édition du Kindle.
  13. Preview: MiniArt’s new 35th scale T-34/85 MOD.1945. Plant 112
  14. T-34 Mythical Weapon, p.?
  15. Oil dot filter technique

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