Sherman IITunisie, 1943

ConstructeurPressed Steel Car
Date de productionFin 1942
Numéro de série3037641
Unité d’attacheG Company, 3rd Battalion, 1st Armored Regiment, 1st Armored Division
Théâtre d’opérationKasserine (Tunisie), 1943
KitAsuka 35-025 (2017)
Période de réalisationMars à juillet 2021

Contexte historique

« Sherman » est le surnom donné par les Britanniques aux chars moyens M4 que leur fournissaient les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Le M4 devint le char américain produit en plus grande quantité pendant ce conflit. Toutes versions confondues, près de cinquante mille exemplaires furent fabriqués. Seuls les T-34 russes se comptèrent en plus grand nombre: soixante mille unités.

Évolution de la production des différentes versions de M4, 1942-45

Le Sherman fut pour la première fois engagé au combat par la VIIIe armée britannique lors de la bataille d’El-Alamein, en octobre 1942.1

La première division blindée américaine à se frotter à l’Afrika Korps fut la 1ère division blindée des États-Unis, lors de la campagne de Tunisie (janvier-mai 1943). Ce baptême du feu eu lieu lors de la bataille de Kasserine. Face aux vétérans allemands, l’unité subit de lourdes pertes.

Choix du kit

Je voulais monter un Sherman pour son importance historique, mais ce sont des considérations esthétiques qui ont orienté le choix de mon kit: je préférais modéliser sa variante à la coque moulée, soit le M4A1 surnommé « Sherman II »2.

Source: Sherman M4/The American Miracle, p. 3

Je suis tourné cette fois vers la compagnie Asuka, réputée pour ses reproductions fidèles et détaillées du M4. J’ai arrêté mon choix sur son kit US M4A1 Sherman Direct Vision Type, permettant de reproduire l’un des quatre chars suivant :

  1. « Dixie Belle » de la compagnie H, 3e bataillon, 1er régiment, 1ère division blindée (Tunisie, février 1943)
  2. « War Daddy II » de la compagnie G, 3e bataillon, 1er régiment, 1ère division blindée (Tunisie, 1943)
  3. le char no. 30 du 13e régiment, 1ère division blindée (Italie, novembre 1943)
  4. « Forget it » de la compagnie F, 66e régiment blindé, 2e division blindée (Oran, 1943)

Les deux premiers partageaient le même marquage jaune, avec ce bel emblème à l’avant. Mais, parce que je trouve le Sherman plus beau sans garde-boues, je décidai initialement de monter le « Dixie Belle ».

Source: First Blood: US 1st Armored Division in Tunisia, p. 6
Source: US Armored Units in the North African and Italian Campaigns 1942-45, p. 39.

Construction

Les pièces de plastique d’Asuka sont précises et détaillées, et leur emboîtement, très facile. Certaines bavures nécessitent qu’on les enlève au couteau et qu’on sable.

Malheureusement, les instructions souffrent d’une traduction anglaise parfois trop sommaire et de quelques erreurs. J’ai dû recourir à des instructions d’autres kits afin de mieux faire certains choix.

Une première interrogation s’est présentée tôt, lors du montage des suspensions à l’étape [6]. Les instructions montraient des têtes de goujons à l’extérieur des roues (wheel gudgeon), alors que les pièces du kit ne pouvaient être ainsi orientées.

Des recherches m’ont finalement convaincu que les illustrations des instructions du kit étaient simplement erronées. Les roues des modèles de suspension suivants possédaient, elles, des goujons proéminents.

La seconde interrogation concerna la couleur des roues. D’autres kits montraient des pneus noirs, mais mes instructions d’Asuka ne spécifiaient pas autre chose que la couleur de base, soit l’olive drab. Est-ce que le premier type de roues était tout de métal? Il semble pourtant que non, qu’elles avaient bien des pneus.

Évolution de la suspension des M4. Source: Sherman M4/The American Miracle, p. 6
Suspension d’un M4A1 construit par Lima Locomotive Works et exposé au Musée de Bovington. Photographe: Massimo Foti

L’assemblage de ces suspensions ne se fit pas sans heurts. Relativement ardu au départ, il fut d’avantage compliqué par une erreur d’inattention qui me fit inverser des morceaux. Il me fallut les arracher pour les replacer de la bonne manière. Cela déforma un peu quelques pièces, et j’ai dû combler les interstices ainsi créées avec du mastique, puis bien poncer le tout.

Les instructions d’Asuca n’étaient pas claires non plus à propos du choix du purificateur d’air, probablement parce le type rond et le type carré étaient tous deux utilisés:

The round air cleaners (2) entered the production pipeline in the Summer of 1942, and PSC used the round or square types interchangeably until the end of 1943. 

Extrait de: M4 and M4A1 75mm Shermans produced by Pressed Steel Car Co. Inc., Sherman Minutia Website

À l’étape [13], les écoutilles avant demandèrent une attention particulière. Des indications en japonais semblaient demander de combler des trous sur le dessus de ces pièces. Selon les instructions d’un autre kit d’Asuka, cela permet d’y fixer des ressorts. Une vidéo de World of Tanks me confirma que de tels ressorts ne furent ajoutés qu’à partir de 1943, afin de faciliter l’ouverture des écoutilles. Les trous de mes pièces furent donc bouchés à l’aide d’un mastique soluble à l’eau. Puis, il me fallut créer moi-même des poignées à l’aide de fil métallique de 0,32mm de diamètre.

Trouvé à mis parcours de mon assemblage du modèle réduit, First Blood: US 1st Armored Division in Tunisia, par Claude Gillono et Leife Hulbert, me fit constater d’autres problèmes avec mon kit. À l’étape [13], on demandait de couper des nodules sous la coque supérieure alors qu’en fait, ces protubérances servant à fixer des garde-boues sont bien visibles sur les photos d’époque. Pour l’étape [16], Asuka ajoutait une protection aux feux arrières, alors que « Dixie Belle » n’en possédait pas. De plus, il manquait les pièces pour les rails de métal ajoutés par l’équipage sur le bloc mécanique, à l’arrière.

J’ai donc dû me résoudre à reproduire « War Daddy II », du même 3e bataillon, tristement célèbre pour avoir été le premier Sherman capturé par les Allemands.

Source: First Blood: US 1st Armored Division in Tunisia, p. 21
« War Daddy II » ramené en Allemagne pour l’étudier.

Peinture

Source: First Blood: US 1st Armored Division in Tunisia, p.

Une brochure d’AK Interactive résume ainsi l’histoire de l’Olive Drab :

The standard name originating in the 1930’s was Olive Drab No. 22; however in 1942 the US Army Corps of Engineers was assigned the responsibility of colors used by the Army, and subsequently the name was changed to No. 9 OD. The shade of olive drab used by the USAAF was darker than that of the Army and it was referenced as Olive Drab No. 31. This shade was not unified with the Army as it had a specific anti-infrared characteristic. The Olive Drab color shades changed during the course of the war, but not the color specification, which had been the same since the 1920’s. In the years leading up to WW2 it was a matte tone; however, by the end of the war it had evolved into a more satin shade. In some cases it was glossy, all of which was due to changes in the composition of the paint done to improve the quality.

The color had changes in hue; at the start of the war the shade was lighter than the color that was used at the end of the war. This also coincides with the changes leading to a glossy finish by the end of the war. It is important that we mention the different paint manufacturers all had different shades of Olive Drab; ranging from yellow to brown. As we have mentioned the Olive Drab used towards the end of the war had a glossier feature and the tone was more brown, very much different than it was at the outbreak of WW2.

The 1st Armored Division was the first armored unit deployed in Africa. These vehicles were painted Olive Drab, and marked large stripes along with yellow stars. During first few battles and encounters with German forces it became it was soon realized that these were not good color choices, in the desert environment. As a result American troops used local sand and paints to camouflage their vehicles in the African environment.

Extrait de: US Army & USMC, Green & Camouflage Colours, AK Interactive
Source: Real Colors of WWII, p. 155

J’ai donc fait quelques tests de couleurs avant de me lancer. Comme j’aime les apprêts colorés de Vallejo, je m’en suis procuré une cannette, mais de la mauvaise couleur: « UK Bronze Green ». La bonbonne était simplement mal placée en magasin. Cependant, mes recherches préliminaires m’avaient averti que l’Olive Drab en aérosol de Vallejo reproduisait vraisemblablement celui d’après-guerre, plus grisâtre. Sachant cela, j’avais aussi pris un cannette de Tamiya TS-5, qui me servit finalement de couche de base, par-dessus mon affreux apprêt « Panzer Yellow » vert fluo. Sa version en bouteille, le Tamiya XF-62 se révéla plus foncée.

Ce qui est fascinant avec l’Olive Drab No. 9, c’est qu’il ne contenait aucun pigment vert: il était uniquement constitué de noir et de couleur ocre. Je l’ai vérifié moi même. C’est donc avec de la peinture à l’huile ocre que j’ai éclairci quelques zones du char. Et j’ai utilisé du « Paynes Grey » pour le pinwash. Certaines zones furent modulées avec la technique « oil dots filter », déjà illustrée dans les pages de précédents projets.

J’eu plus de difficultés avec la tourelle, ceinturée d’une barre jaune entrecoupée de signes tactiques. Le kit fournissait les décalques pour ces signes, mais suggérait de peindre la dite barre avec du Tamiya XF-3 « Flat Yellow », qui n’est pas tout à fait de la même teinte. Cette différence fut gommée par mes effets d’usure ultérieurs.

Par ailleurs, j’ai dû m’y prendre à deux reprises pour réussir cet assemblage. La première fois, craignant qu’il couvre mal l’Olive Drab, j’ai d’abord peint le jaune pour ensuite le masquer avec différents rubans collant taillées selon mes mesures. Mais, l’alignement de ces bandes n’était pas réussi, la faute à la couleur du ruban masquant lui-même, également jaune. Et j’avais mal calculé les espaces nécessaires aux signes tactiques entre les segments de la bande jaune. Bref, une fois les décalques apposés, l’ensemble n’était pas satisfaisant.

La seconde fois, j’ai protégé ces décalques déjà posés, vaporisé de l’Olive Drab, puis créé des masques, cette fois afin de protéger la couleur foncée puis appliquer la couleur jaune. J’ai photographié les étapes de mon second essai:

Weathering

De façon générale, les tanks de la Seconde Guerre Mondiale n’avaient pas le temps de rouiller, leur durée de vie étant plutôt courte. C’est encore plus vrai pour des chars fraîchement débarqués en Afrique du Nord.

Cette étape constituait donc essentiellement à « ensabler » l’ensemble du char. Et cette poussière du désert ne se déposait pas sur les véhicules en un beau dégradé, comme plusieurs modélistes l’illustrent grâce à leur aérographe.

« M4A4’s in the Desert Training Center in California. These tanks would be overhauled and shipped to the British in 1944. » Source: The Sherman Tank Site

Un mélange hétérogène de « cailloux » de différents pigments secs et de plâtre a d’abord été appliqué sur le bas de la caisse. Trois pigments Vallejo furent alors utilisés:

  • 73.104 « Terre de Sienne Clair »
  • 73.199 « Terre européenne »
  • 73.109 « Ombre naturelle ».

D’autres pigments de Vallejo, 73.121 « Poussière Desert », ont été dilués dans l’eau puis badigeonnés sur les roues. Une fois cette application séchée, les excès furent brossés avec un pinceau sec. Les chenilles furent ensablés de la même manière que les roues. Elles avaient préalablement été peintes en brun avec de l’apprêt en aérosol de Vallejo, sauf leur intérieur, resté sur le caoutchouc noir.

Entretemps, je m’étais procuré des pigments secs d’AK Interactive: AK041 « North Africa Dust ». Ceux-ci sont bien plus fins que ceux de Vallejo, et « tachent » plus. Leur application doit donc être plus retenue. Mais, l’effet de poussière est définitivement bien plus convaincant!

Finalement pour ajouter d’autres nuances à cet ensablement, j’ai utilisé des pigments gras de Tamiya, et deux crayons d’AK Interactive: #10009 « Sand », trop jaune à mon goût, et #10016 « Light Chipping for Wood ». J’avais déjà pratiqué avec ces crayons de couleur solubles à l’eau sur mon Tiger 131. En fait, par soucis de cohérence, j’ai cherché sciemment à ce que soient similaires les effets sur ces deux chars ennemis sur le même terrain.

Page connexe

Bibliographie

  • Armored Replacement Training Center (1943-07-31) Tankers in Tunisia, lonesentry.com
  • GILLONO, Claude et Leife HULBERT (2013). First Blood: US 1st Armored Division in Tunisia. Oliver Publishing Group, 36 p.
  • KIROFF, Jürgen et collab. (2017) Real Colors of WWII. AK Interactive, 208 p.
  • La campagne de Tunisie: la fin de l’Axe en Afrique! (2009-10) Batailles & Blindés no. 33, p. 40-67.
  • US Army & USMC, Green & Camouflage Colours (s.d.) AK Interactive, 3 p.
  • Sherman M4/The American Miracle (2017) AMMO of Mig Jimènez, 82 p.
  • ZALOGA, Steven (2006) US Armored Units in the North African and Italian Campaigns 1942-45. Osprey, 100 p.

Vidéographie

Webographie

Wikipedia

Notes

  1. M4 Sherman, Wikipedia [fr]
  2. M4 Sherman/The American Miracle, p. 6

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